Enjeux internationaux

    Crise de la Covid : mais que fait la BCE ?

    Depuis des mois, la crise de la Covid-19 met l’économie mondiale à rude épreuve. Dans la zone euro, les mesures de restriction économique, les semaines de confinement strictes ou encore les fermetures temporaires des frontières ont, bien entendu, perturbé le fonctionnement courant d’un espace économique fondé sur la libre circulation des biens, des capitaux, des services et des personnes.

    Dans cette période, le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) est plus important que jamais.

    Rappelons que cette institution, présidée par Christine LAGARDE, œuvre au maintien de la stabilité des prix dans la zone euro. Elle contribue également à la sécurité et à la solidité du système bancaire européen. En contrôlant le niveau de l’inflation, notamment via l’émission de la monnaie, son rôle dans la préservation de la stabilité financière est fondamental. On comprend dès lors que son action est capitale pour soutenir l’économie du continent, dans une période marquée, justement, par l’instabilité et l’absence de lisibilité de l’avenir.

    Depuis le début de la crise sanitaire, la BCE de Christine LAGARDE s’inspire de la politique proactive de son ancien président, Mario DRAGHI, dont la fameuse doctrine du « quoiqu’il en coûte » avait permis d’éviter l’implosion de la zone euro en 2012, au plus fort de la crise des dettes souveraines.

    La politique volontariste et agressive de la BCE vise à éviter les défaillances d’entreprises, ainsi qu’à atteindre le plus possible un niveau d’inflation proche, mais en dessous des 2 %, alors que celui-ci est resté désespérément figé à -0,3 % ces cinq derniers mois.

    L’institution de Francfort a ainsi mis en place un programme d’urgence de rachats de dette privée et publique (PEPP), qui a récemment été prolongé jusqu’en mars 2022 et dont le volume a été porté à 1 850 milliards d’euros. De même, la BCE a ressorti un programme plus ancien, le Quantitative Easing (ou « assouplissement quantitatif »). Il s’agit d’un rachat de titres de dettes (notamment des obligations publiques ou privées, voire des titres adossés à des actifs). Ce programme poursuit un rythme d’émissions de 20 milliards d’euros par mois, sans limites dans le temps.

    Par ces programmes d’achats d’actifs, la BCE inonde le marché de liquidités et poursuit ses objectifs concernant l’inflation.

    De plus, l’institution monétaire accorde aussi aux banques des vagues de prêts bon marché. Ses taux directeurs sont à un niveau historiquement bas : -0,5 % pour le taux de dépôt, 0 % pour le taux de refinancement, et 0,25 % pour celui de la facilité de prêt marginal. Les taux directeurs permettent notamment le refinancement des banques à court terme.

    L’ensemble de cet arsenal doit permettre aux États, aux entreprises et aux ménages de pouvoir emprunter à bas coûts pour stimuler l’investissement et l’emploi et donc, finalement, les prix.

    Dans la situation actuelle, la BCE manque cependant de perspectives certaines.

    Lors de sa dernière conférence de presse, Christine LAGARDE a évoqué le fait que les nouveaux risques pandémiques (notamment l’apparition de variants) risquent de continuer de paralyser l’économie européenne. Cependant, plusieurs motifs d’espoirs permettent d’entrevoir, selon la présidente, une reprise économique durant la seconde moitié de l’année. Outre l’amélioration de la situation sanitaire, citons l’accord de Brexit conclu avec le Royaume-Uni, la fin de l’incertitude politique aux États-Unis, l’adoption du plan de relance européen, ou encore la bonne résistance de l’activité manufacturière dans la zone euro en fin d’année dernière.

    Bien sûr, des doutes persistent sur l’ampleur et la durée du réveil de l’inflation, qui pourrait être au-delà des perspectives esquissées par la BCE en cas de boom économique post-crise. Cependant, le maintien ferme de son cap par l’institution monétaire vise justement à réduire les risques et à débuter la reconsolidation de l’économie de la zone euro.

    Cette focalisation permet de montrer que chaque acteur de notre économie est essentiel pour traverser la crise et aborder, dès aujourd’hui, la nécessaire reconstruction post-Covid. Si l’on se penche beaucoup sur le rôle des États ou des entreprises, celui de la BCE n’est pas des moindres et sa gestion ferme et proactive permet d’entretenir la confiance en l’avenir et de bâtir le retour, que j’espère rapide, d’une nouvelle phase de développement économique en Europe.